Jérôme Sabatier présente son métier et ses missions sur le projet de diffuseur de Saran-Gidy.

Pouvez-vous nous présenter votre métier ?

En tant que géotechniciens, nos domaines d’activité s’étendent des études de sols aux suivis de chantiers, en passant par les reconnaissances de structures des sols. Les objectifs sont de connaître de manière approfondie la structure des sols sur lesquels les chantiers sont menés, de repérer les risques et les aléas auxquels les structures à construire peuvent être soumises et enfin de préconiser des solutions de construction adéquates.

Ces études se basent sur des revues de littérature, l’analyse de cartes géologiques du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) et la réalisation de différents types de sondages dans le périmètre des futurs projets. Une partie des résultats de ces sondages est ensuite analysée en laboratoire.

Notre métier nous amène donc à intervenir sur tous types d’ouvrages, qu’ils soient linéaires comme les autoroutes ou les voies de chemin de fer, ou bien la construction de stades, d’hôpitaux ou de logements.

Quelle est votre mission et celle de votre équipe sur le projet de création du diffuseur de Saran-Gidy ?

Notre mission sur le projet de diffuseur de Saran-Gidy en phase étude consiste à réaliser un ensemble de sondages et d’essais déterminés qui font partie intégrante de la conception du projet de diffuseur. Ainsi nous suivons un planning et un plan d’implantation des sondages élaborés en collaboration avec le Maître d’œuvre et le Maître d’Ouvrage.

Ces sondages peuvent par exemple prendre la forme d’un carottage : une machine appelée sondeuse va prélever un échantillon du sous-sol terrestre obtenu à l’aide d’un tube battu ou rotatif appelé carottier que l’on fait pénétrer dans le sous-sol par passe de 1.0 à 1.5 m. L’échantillon ainsi obtenu s’appelle une carotte (par analogie avec la racine de la plante). Celle-ci est qualifiée d’échantillon stratigraphiquement représentatif, car elle permet de visualiser les différentes couches géologiques (sable, marne…) qui composent le sous-sol.

Les sondages font également l’objet de différents relevés et mesures comme la vitesse de pénétration de l’outil de forage dans le sol, la pression exercée par la foreuse et tous les paramètres de forage sont enregistrés.

L’ensemble de ces mesures permet de connaître avec précision la composition du sous-sol, et notamment d’identifier les aléas karstiques (courants dans la zone du projet), c’est-à-dire la présence d’anomalies sous la surface du sol liées à la dissolution des formations calcaires par l’activité corrosive des eaux superficielles.

Enfin nous avons mis en place 3 piézomètres (instrument servant à mesurer le niveau d’eau des nappes dans le sol) destinés à permettre un suivi des systèmes aquifères souterrains identifiés sur le site. Les piézomètres profonds permettront de valider la profondeur de la nappe de Beauce, donnée nécessaire pour décider de la mise en place d’un puit d’infiltration si la perméabilité superficielle est insuffisante pour assurer l’assainissement de la zone du projet.

Quels sont les enjeux de l’opération en termes d’études géotechniques et comment faites-vous face à ces enjeux ?

La localisation des aléas karstique est un enjeu central de notre mission, car leur présence peut venir remettre en cause la géométrie même du projet ou tout du moins fortement influencer les techniques de construction (notamment la réalisation des fondations) qui seront appliquées sur le projet de diffuseur de Saran-Gidy. C’est pourquoi nous avons effectué pas moins de 22 sondages et essais au droit du projet, en employant des machines et un matériel de mesure perfectionnés. Couplés aux essais en laboratoire, les résultats transmis au Maître d’œuvre ont permis à ce dernier de valider des choix de construction et d’adapter certains ouvrages.

Un autre enjeu, plus opérationnel celui-ci, a été notre intervention de nuit, au niveau du terre-plein central (muret en béton au milieu de l’autoroute qui sépare les sens de circulation), pour réaliser un sondage à l’endroit où se situera la pile principale du pont qui enjambera l’A10. Cette intervention, sous circulation avec balisage, a nécessité une préparation importante en amont et une parfaite coordination avec les équipes d’exploitation de VINCI Autoroutes. Ne disposant que d’une nuit (entre 21 heures et 6 heures) pour réaliser nos essais, aucun retard ne devait se produire. Enfin, nous avions la responsabilité de nettoyer toute trace de notre intervention avant la remise en trafic de l’autoroute à 6 heures du matin, et ce pour des raisons évidentes de sécurité pour les usagers du réseau. Autant de challenges réussis !